Page:Maupassant - Mont-Oriol, 1887.djvu/335

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Paul y était déjà. Andermatt, en l’apercevant, s’écria :

— Ah ! dites donc, qu’est-ce qu’on m’a raconté tout à l’heure ? Vous épousez Charlotte Oriol ? Ça n’est pas vrai, n’est-ce pas ?

Le jeune homme répondit à mi-voix, en jetant un regard inquiet sur la porte fermée :

— Mon Dieu oui !

Personne ne le sachant encore, tous les trois demeuraient ébahis devant lui.

William demanda :

— Qu’est-ce qui vous a pris ? Avec votre fortune, vous marier ? vous embarrasser d’une femme quand vous les avez toutes ? Et puis enfin la famille laisse à désirer comme élégance. C’est bon pour Gontran qui n’a pas le sou !

Brétigny se mit à rire :

— Mon père a fait fortune dans les farines, il était donc meunier… en gros. Si vous l’aviez connu, vous auriez pu dire aussi qu’il manquait d’élégance. Quant à la jeune fille…

Andermatt l’interrompit :

— Oh ! parfaite… délicieuse… parfaite… et… vous savez… elle sera aussi riche que vous… sinon plus… j’en réponds, moi, j’en réponds !…

Gontran murmurait :

— Oui, le mariage ça n’empêche rien et ça couvre les retraites. Seulement il a eu tort de ne pas nous prévenir. Comment diable s’est faite cette affaire-là, mon cher ?