Page:Maupassant - Mont-Oriol, 1887.djvu/57

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D’où je conclus : 1º Que, pour avoir de l’eau, il suffit de chercher en suivant l’inclinaison et la direction des bandes de granit superposées.

2º Que, pour la conserver, il suffit d’empêcher les fissures d’être bouchées par les dépôts de calcaires, c’est-à-dire d’entretenir avec soin les petits puits artificiels à creuser.

3º Que, pour voler la source du voisin, il faut la prendre au moyen d’un sondage pratiqué jusqu’à la même fissure du granit au-dessous de lui, et non pas au-dessus, à la condition, bien entendu, de se placer en deçà du barrage d’argile qui force les eaux à remonter.

A ce point de vue, la source découverte aujourd’hui est admirablement située à quelques mètres seulement de ce barrage. Si on voulait fonder un nouvel établissement, c’est là qu’il le faudrait placer.

Il y eut un silence quand il cessa de parler.

Andermatt, ravi, dit seulement :

— Ce que c’est ! quand on ouvre les coulisses, tout le mystère s’évanouit. Vous êtes un homme précieux, monsieur Aubry-Pasteur.

Seuls, avec lui, le marquis et Paul Brétigny avaient compris. Seul aussi Gontran n’avait rien écouté. Les autres, oreilles et yeux ouverts sur la bouche de l’ingénieur, demeuraient stupides d’étonnement. Les dames Paille surtout, très dévotes, se demandaient si cette explication d’un phénomène ordonné par Dieu et accompli selon ses moyens mystérieux