Page:Maupassant - Mont-Oriol, 1887.djvu/86

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forma de sa santé, lui tâta le pouls, regarda sa langue, prit des nouvelles de son appétit et de sa digestion, l’interrogea sur son sommeil, puis la reconduisit jusqu’à l’entrée de l’appartement en répétant :

— Allons, allons, ça va bien, ça va bien. Mes respects, s’il vous plaît, à monsieur votre père, un des hommes les plus distingués que j’aie rencontrés dans ma carrière.

Elle sortit enfin, ennuyée déjà de cette obsession, et devant la porte elle aperçut le marquis qui causait avec Andermatt, Gontran et Paul Brétigny.

Son mari, dans la tête de qui toute idée nouvelle bourdonnait sans repos, comme une mouche dans une bouteille, racontait l’histoire du paralytique, et voulait retourner voir si le vagabond prenait son bain.

On y alla, pour lui plaire.

Mais Christiane, tout doucement, retint son frère en arrière, et, lorsqu’ils furent un peu loin des autres :

— Dis donc, je voulais te parler de ton ami ; il ne me plaît pas beaucoup, à moi. Explique-moi au juste ce qu’il est.

Et Gontran, qui connaissait Paul depuis plusieurs années, raconta cette nature passionnée, brutale, sincère et bonne, par élans.

C’était, disait-il, un garçon intelligent, dont l’âme brusque se jetait dans les idées avec impétuosité. Cédant à toutes ses impulsions, ne sachant ni se