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mont-oriol

Christiane maintenant le regardait, étonnée de son lyrisme, l’interrogeant de l’œil, ne comprenant pas
bien quelle chose extraordinaire pouvait contenir cette poésie.

Il devina sa pensée, et s’irrita de ne lui avoir point communiqué son exaltation, car il les avait fort bien dits, ces vers, et il reprit avec une nuance de dédain :

— Je suis un fou de vouloir vous forcer à goûter un poète d’une inspiration aussi subtile. Un jour viendra, je l’espère, où vous sentirez, comme moi, ces choses-là. Les femmes, douées de bien plus d’intuition que de compréhension, ne saisissent les intentions secrètes et voilées de l’art que si on fait d’abord un appel sympathique à leur pensée.

Et, la saluant, il ajouta :

— Je m’efforcerai, madame, de faire cet appel sympathique.

Elle ne le trouva pas impertinent, mais bizarre ; et d’ailleurs elle ne cherchait même plus à comprendre,