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mont-oriol

Et il disparut par une porte, au pied du lit.

Elle l’entendait remuer, clapoter, siffloter ; puis il cria :

— Quoi de neuf ici ? Moi, j’ai des nouvelles excellentes. L’analyse de l’eau a donné des résultats inespérés. Nous pourrons guérir au moins trois maladies de plus qu’à Royat. C’est superbe !

Elle s’était assise dans son lit, suffoquant, la tête égarée par ce retour imprévu qui la frappait comme une douleur et l’étreignait comme un remords. Il reparut, content, répandant autour de lui une forte odeur de verveine. Alors il s’assit familièrement sur le pied du lit et demanda :

— Et le paralytique ! Comment va-t-il ? Est-ce qu’il recommence à marcher ? Il n’est pas possible qu’il ne se guérisse point avec ce que nous avons trouvé dans l’eau !

Elle l’avait oublié depuis plusieurs jours, et elle balbutia :

— Mais… je… je crois qu’il commence à aller mieux… je ne l’ai pas vu d’ailleurs cette semaine… je… je suis un peu souffrante…

Il la regarda avec intérêt et reprit :

C’est vrai, tu es un peu pâle… Ça te va fort bien, d’ailleurs… Tu es charmante ainsi… tout à fait charmante…

Il se rapprocha et, se penchant vers elle, voulut passer un bras dans le lit, sous sa taille.

Mais elle fit en arrière un tel mouvement de terreur qu’il demeura stupéfait, les mains tendues et la bouche en avant. Puis il demanda :

— Qu’as-tu donc ? On ne peut plus te toucher ! Je t’assure que je ne veux pas te faire de mal…