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qu’on fut à table, Mme Paille, la mère, demanda à Andermatt :

— Vous allez donc fonder un autre établissement ?

La nouvelle avait déjà couru par le pays entier, était connue de tout le monde ; elle agitait tous les baigneurs.

William répondit :

— Mon Dieu oui, celui qui existe est trop insuffisant.

Et, se tournant vers M. Aubry-Pasteur :

— Vous m’excuserez, cher monsieur, de vous parler à table d’une démarche que je voulais faire auprès de vous, mais je repars ce soir pour Paris ; et le temps me presse énormément. Consentiriez-vous à diriger les travaux de fouille pour trouver un volume d’eau supérieur ?

L’ingénieur, flatté, accepta ; et, au milieu du silence général, ils réglèrent tous les points essentiels des recherches qui devaient commencer immédiatement. Tout fut discuté et fixé en quelques minutes avec la netteté et la précision qu’Andermatt apportait toujours dans les affaires. Puis on parla du paralytique. On l’avait vu traverser le parc, dans l’après-midi, avec une seule canne, alors que, le matin même, il en employait encore deux. Le banquier répétait : « C’est un miracle, un vrai miracle ! Sa guérison marche à pas de géant. »

Paul, pour plaire au mari, reprit :

— C’est le père Clovis lui-même qui marche à pas de géant.

Un rire approbateur fit le tour de la table. Tous les yeux regardaient Will, toutes les bouches le complimentaient. Les garçons du restaurant s’étaient mis à le