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chose. Je reviendrai vous voir dans quatre ou cinq jours. » Puis il se leva, salua et sortit avec tant de promptitude que tout le monde en demeura stupéfait. C’était sa manière, son chic, son cachet à lui, cette brusquerie dans le départ. Il la jugeait de très bon ton et de grande impression sur le malade.

Mme Andermatt courut se regarder dans la glace, et, toute secouée par un rire éclatant d’enfant joyeuse :

— Oh ! qu’ils sont amusants, qu’ils sont drôles ! Dites, y en a-t-il encore un, je veux le voir tout de suite ! Will, allez me le chercher ! Il doit y en avoir un troisième, je veux le voir.

Son mari, surpris, demanda :

— Comment, un troisième, un troisième quoi ?

Le marquis dut s’expliquer, en s’excusant, car il craignait un peu son gendre. Il raconta donc que le docteur Bonnefille étant venu le voir lui-même, il l’avait introduit chez Christiane, afin de connaître son avis, car il avait grande confiance dans l’expérience du vieux médecin, enfant du pays, qui avait découvert la source :

Andermatt haussa les épaules et déclara que, seul, le docteur Latonne soignerait sa femme, de sorte que le marquis, fort inquiet, se mit à réfléchir sur la façon dont il faudrait s’y prendre pour arranger les choses sans froisser son irascible médecin.

Christiane demanda : « Gontran est ici ? » C’était son frère.

Son père répondit :

— Oui, depuis quatre jours, avec un de ses amis dont il nous a souvent parlé, M. Paul Brétigny. Ils sont ensemble un tour en Auvergne. Ils arrivent du mont