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debout dans un des vases de simili-marbre qui décoraient la terrasse du Casino, Petrus Martel éperdu, nu-tête, les bras en l’air, gesticulant et hurlant.

Puis, la grande clarté s’éteignant, on ne vit plus rien que les vraies étoiles. Mais aussitôt, une autre pièce partit et, Petrus Martel sautant à terre, s’écria : « Quel désastre ! quel désastre ! Mon Dieu, quel désastre ! »

Et il passait dans la foule avec des gestes tragiques, des coups de poing dans le vide, des trépignements de colère, en répétant toujours : « Quel désastre ! Mon Dieu, quel désastre ! »

Christiane avait pris le bras de Paul pour venir s’asseoir au grand air, et elle regardait, ravie, les fusées qui montaient au ciel.

Son frère la rejoignit tout à coup, et dit :

— Hein, est-ce réussi ? Crois-tu que c’est drôle ?

Elle murmura :

— Comment, c’est toi ?…

— Mais oui, c’est moi. Est-elle bonne, hein ?

Elle se mit à rire, trouvant cela drôle, en effet. Mais Andermatt arrivait, navré. Il ne comprenait pas d’où un coup pareil était parti. On avait volé la fusée sous le comptoir pour donner le signal convenu. Une pareille infamie ne pouvait venir que d’un émissaire de l’ancienne Société, d’un agent du docteur Bonnefille !

Et il répétait, lui :

— C’est désolant, positivement désolant. Voici un feu d’artifice de deux mille trois cents francs qui est perdu, tout à fait perdu !

Gontran reprit :