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mont-oriol

« Deux de plus ou de moins, disait-il à Gontran en ses heures de gaîté, il n’y a que la source pour s’en apercevoir ; et encore, ça ne la gêne guère ! » La seule plaisanterie méchante qu’il se permit sur son religieux confrère consistait à l’appeler « le médecin du Saint Bain de Siège ». Il avait la jalousie prudente, narquoise et tranquille.

Il ajoutait quelquefois : « Oh ! celui-là, il connaît le
malade à fond… et ça vaut encore mieux pour nous que de connaître la maladie ! »

Mais voilà qu’un matin, arriva à l’hôtel du Mont-Oriol une noble famille espagnole, le duc et la duchesse de Ramas-Aldaverra, qui amenait avec elle son médecin, un Italien, le docteur Mazelli, de Milan.

C’était un hom­me de trente ans, grand, mince, très joli garçon, portant moustaches seulement.

Dès le premier soir il fit la conquête de la table