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les belles redingotes, pliées avec soin, se reposaient dans la commode, et les grands chapeaux dans une armoire.

Les deux paysans saluèrent avec un sourire d’amitié, tandis que toutes les mains dans le landau répondaient à leur bonsoir.

Dès qu’on fut revenu, comme Gontran descendait de l’arche pour monter au Casino, Brétigny l’accompagna, et, l’arrêtant dès les premiers pas :

— Écoute, mon cher, ce que tu fais n’est pas bien et j’ai promis à ta sœur de t’en parler.

— Me parler de quoi ?

— De ta façon d’agir depuis quelques jours.

Gontran avait pris son air impertinent :

— D’agir ? Envers qui ?

— Envers cette petite que tu lâches salement.

— Tu trouves ?

— Oui, je trouve… et j’ai raison de le trouver ainsi.

— Bah ! te voici devenu bien scrupuleux au sujet des lâchages.

— Eh, mon cher, il ne s’agit pas d’une gueuse ici, mais d’une jeune fille.

— Je le sais bien, aussi n’ai-je pas couché avec elle. La différence est très marquée.

Ils s’étaient remis à marcher, côte à côte. L’allure de Gontran exaspérait Paul qui reprit :

— Si je n’étais pas ton ami, je te dirais des choses très dures.

— Et moi je ne te les laisserais pas dire.

— Voyons, écoute, mon cher, cette enfant me fait pitié. Elle pleurait tantôt.

— Bah ! elle pleurait ? Tiens, ça me flatte !