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mont-oriol

La femme du médecin se prêtait, de la meilleure grâce du monde, au rôle qu’on lui faisait jouer, offrait du thé, vers cinq heures, comme les dames de Paris, avec de petits gâteaux confectionnés de sa propre main.

La première fois que Paul pénétra dans cette maison, elle le reçut comme un vieil ami, le fit asseoir, le débarrassa malgré lui de son chapeau, qu’elle porta sur la cheminée, à côté de la pendule. Puis, empressée, remuante, allant de l’un à l’autre, énorme et le ventre en avant, elle demandait :

— Êtes-vous disposés pour la dînette ?

Gontran disait des drôleries, plaisantait, riait avec une aisance complète. Il entraîna quelques instants Louise dans l’embrasure d’une fenêtre, sous l’œil agité de Charlotte.

Mme Honorat, qui causait avec Paul, lui dit, d’un ton maternel :

— Ces chers enfants, ils viennent ici s’entretenir quelques minutes. C’est bien innocent, n’est-ce pas, monsieur Brétigny ?

— Oh ! très innocent, madame.

Quand il revint, elle l’appela familièrement « monsieur Paul », le traitant un peu comme un compère.

Et depuis lors, Gontran racontait avec sa verve gouailleuse toutes les complaisances de la dame, à qui il avait dit, la veille :

— Pourquoi n’allez-vous jamais vous promener avec ces demoiselles, sur la route de Sans-Souci ?

— Mais nous irons, monsieur le comte, nous irons.

— Demain, vers trois heures, par exemple.

— Demain, vers trois heures, monsieur le comte.