Page:Maupassant - Mont-Oriol, Ollendorff, 1905.djvu/331

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
325
mont-oriol

l’enfant apporta tout de suite un grand calme, un désir de conciliation, une joie secrète, mais contenue, dans l’âme du père et du fils.

Ils discutèrent cependant pour garder en plus quelques lopins de sol. On avait étalé sur la table le plan détaillé du mont Oriol ; et on marquait, une à une, avec une croix, les parties données à Louise. Il fallut une heure à Andermatt pour enlever les deux derniers carrés. Puis, afin qu’il n’y eût aucune surprise de l’un ou de l’autre côté, on se rendit sur les lieux, avec le plan. Alors on reconnut soigneusement tous les morceaux désignés par les croix et on les pointa de nouveau.

Mais Andermatt était inquiet, soupçonnant les deux Oriol capables de nier, à leur première entrevue, une partie des cessions consenties, de vouloir reprendre des bouts de vigne, des coins utiles à ses projets ; et il cherchait un moyen pratique et sûr de rendre définitives leurs conventions.

Une idée lui traversa l’esprit, le fit sourire d’abord, puis lui parut excellente, bien que bizarre.

— Si vous voulez, dit-il, nous allons écrire tout ça pour ne rien oublier plus tard ?

Et, comme ils rentraient au village, il s’arrêta devant le débit de tabac pour acheter deux papiers timbrés. Il savait que la liste des terres dressée sur ces feuilles légales prendrait, aux yeux des paysans, un caractère presque inviolable, car ces feuilles représentaient la loi, toujours invisible et menaçante, défendue par les gendarmes, les amendes et la prison.

Donc il écrivit sur l’une et recopia sur l’autre : « Par suite de la promesse de mariage échangée entre le