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mont-oriol

Le banquier vint à eux, leur serra les mains ; puis tous les quatre se mirent à regarder l’eau, sans dire un mot.

Elle remuait comme celle qui s’agite sur un grand feu, jetait ses bouillons et ses gaz, puis s’écoulait vers le ruisseau par une mince rigole qu’elle avait déjà dessinée. Oriol, un sourire d’orgueil sur les lèvres, dit tout à coup :

— Hein ! y en a, du fer ?

Tout le fond était déjà rouge, en effet, et même les petits cailloux qu’elle baignait en s’écoulant semblaient couverts d’une sorte de moisissure pourpre.

Le docteur Latonne répondit :

— Oui, mais ça ne dit rien, ce sont ses autres qualités qu’il faut connaître !

Le paysan reprit :

— D’abord, Coloche et moi, nous en avons bu chacun un verre hier au choir, et cha nous a déjà tenu le corps fraîche. Pas vrai, fils ?

Le grand gars répondit avec conviction :

— Pour chûr que cha nous a tenu le corps fraîche.

Andermatt demeurait immobile, les pieds sur le bord du trou. Il se tourna vers le médecin.

— Il nous faudrait à peu près six fois ce volume pour ce que je voudrais faire, n’est-ce pas ?

— Oui, à peu près.

— Pensez-vous qu’on les trouverait ?

— Oh ! moi, je n’en sais rien.

— Voilà ! L’achat des terrains ne pourrait s’effectuer d’une façon définitive qu’après les sondages. Il faudrait d’abord une promesse de vente notariée, une fois l’analyse connue, mais ne devant avoir son effet