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Page:Maurice Maeterlinck - L'intelligence des fleurs, 1922.djvu/124

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LES PARFUMS

tenir fort étroitement à notre organisme. Est-ce un appareil qui se développe ou s’atrophie, une faculté qui s’endort ou s’éveille ? Tout porte à croire qu’il évolue de pair avec notre civilisation. Les anciens ne s’occupaient guère que des bonnes odeurs les plus brutales, les plus lourdes, les plus solides, pour ainsi dire, musc, benjoin, myrrhe, encens, etc., et l’arôme des fleurs est bien rarement mentionné dans les poèmes grecs et latins et dans la littérature hébraïque. Aujourd’hui, voyons-nous nos paysans, même dans leurs plus longs loisirs, songer à respirer une Violette ou une Rose ? N’est-ce pas, au contraire, le premier geste de l’habitant des grandes villes qui découvre une fleur ? Il y a donc quelque sujet d’admettre que l’odorat soit le dernier né de nos sens, le seul peut-être, qui ne soit pas « en voie de régression », comme disent pesamment les biologistes. C’est une raison pour nous y attacher, l’interroger et cultiver ses possibilités. Qui dira les surprises