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Page:Maurice Maeterlinck - L'intelligence des fleurs, 1922.djvu/239

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LE PARDON DES INJURES

peu d’êtres, soit par la force des circonstances, soit par suite d’une erreur initiale, vivent selon la vérité que leur présence fait pressentir. À la longue, l’expérience morose nous apprend à ne plus tenir compte de ce visage trop mystérieux. Un masque net et dur le recouvre, qui porte l’empreinte de tous les faits et gestes qui nous atteignirent. Les bienfaits l’enluminent de couleurs attrayantes et fragiles, tandis que les offenses le creusent profondément. En réalité, c’est uniquement sous ce masque modelé selon le souvenir d’agréments ou d’ennuis que nous apercevons celui qui nous approche ; et lui dire, s’il nous a offensé, que nous lui pardonnons, c’est lui affirmer que nous ne le reconnaissons point.

Il s’agit, de savoir quelle influence cette reconnaissance inévitable aura sur nos rela-