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Page:Maurice Maeterlinck - L'intelligence des fleurs, 1922.djvu/243

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LE PARDON DES INJURES

d’abord dans l’infini divin tout désir de rancune. Cet infini divin, à le regarder d’un peu près, n’est pas bien différent du nôtre. Ils ne sont, au fond, l’un et l’autre, que le sentiment de l’infini sans nom où nous nous débattons. La religion élevait mécaniquement, pour ainsi dire, toutes les âmes sur les hauteurs que nous devons atteindre par nos propres forces. Mais comme la plupart des âmes qu’elle y entraînait étaient encore aveugles, elle n’essayait pas inutilement de leur donner une idée des vérités qu’on aperçoit de ces hauteurs. Elles ne les auraient pas comprises. Elle se contentait de leur décrire des tableaux appropriés et familiers à leur aveuglement et qui, par des causes très différentes, produisaient à peu près les mêmes effets que la vision réelle qui nous frappe à présent. « Il faut pardonner les offenses parce que Dieu le veut et a donné lui-même l’exemple du pardon le plus complet qu’on puisse imaginer. » Cet ordre qu’on peut suivre sans ouvrir les yeux