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Page:Maurice Maeterlinck - L'intelligence des fleurs, 1922.djvu/247

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LE PARDON DES INJURES

droit appartient à l’instinct et descend aux limons nécessaires de la vie. Nul besoin de s’en occuper ; elle germe et multiplie prodigieusement dans l’inconscient. Mais il en est une autre plus pure et plus subtile que nous devons apprendre à saisir et à fixer avant qu’elle s’évapore dans l’espace. Tout acte comporte autant d’interprétations différentes qu’il y a de forces diverses en notre intelligence. Les plus basses semblent d’abord les plus simples, les plus justes et les plus naturelles, parce qu’elles sont les premières venues, celles du moindre effort. Si nous ne luttons pas sans répit contre leurs envahissement sournois et familier, elles rongent, elles empoisonnent peu à peu toutes les espérances, toutes les croyances dont notre jeunesse avait formé les régions les plus nobles et les plus fécondes de notre esprit. Il ne nous resterait bientôt, vers la fin de nos jours, que les plus tristes déchets de la sagesse. Il importe donc que l’interprétation la plus haute que nous puissions