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Page:Maurice Maeterlinck - L'intelligence des fleurs, 1922.djvu/254

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L’ACCIDENT

et criaillent comme des enfants en démence, fruste, brutal, nu, musculeux, bousculant tout et saisissant d’un geste irrésistible les débris d’autorité et les chances de salut qui lui tombent sous la main, un autre personnage bondit sur la scène. On l’appelle l’Instinct, l’Inconscient, le Subconscient, que sais-je et qu’importe ? — Où était-il, d’où sort-il ? Il dormait quelque part ou s’occupait à d’obscures et ingrates besognes au fond des cavernes primitives de notre corps. Il en était naguère le roi incontesté ; mais depuis quelque temps on le relègue dans les ténèbres basses, comme un parent pauvre, mal élevé, mal tenu et mal embouché, témoin gênant et souvenir désagréable de l’infortune originelle. On n’y pense, on n’y a plus recours qu’aux secondes éperdues des suprêmes angoisses. Par bonheur il est brave homme, sans amour-propre et sans rancune. Il sait d’ailleurs que tous ces ornements du haut desquels on le méprise sont éphémères, peu sérieux et qu’il est au