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Page:Maurice Maeterlinck - L'intelligence des fleurs, 1922.djvu/271

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NOTRE DEVOIR SOCIAL

portunité. Soit ; à condition qu’il demeure bien convenu que ces richesses et ce loisir servent uniquement à hâter les pas de la justice.

Un autre argument conservateur, digne d’attention, affirme que le premier devoir de l’homme étant d’éviter la violence et l’effusion du sang, il est indispensable que l’évolution sociale ne soit pas trop rapide, qu’elle mûrisse lentement, qu’il importe de la tempérer en attendant que la masse s’éclaire et soit portée graduellement et sans dangereuses secousses vers une liberté et une plénitude de biens qui, en ce moment, ne déchaîneraient que ses pires instincts. Il est encore vrai ; néanmoins il serait intéressant de calculer, — puisqu’on n’arrive au mieux que par le mal, — si les maux d’une révolution brusque, radicale et sanglante l’emportent sur les maux qui se perpétuent dans l’évolution lente. Il conviendrait de se demander s’il n’y a pas avantage à agir au plus vite ; si tout compte fait, les souffrances