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Page:Maurice Maeterlinck - L'intelligence des fleurs, 1922.djvu/276

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NOTRE DEVOIR SOCIAL

sants ? Ils sont assez précaires ; mais encore ne serait-il pas juste de les condamner sans considérer le problème d’un point plus élevé que la raison pure. Ce point doit toujours être recherché dès qu’il s’agit de questions qui débordent l’expérience humaine. On pourrait fort bien soutenir, par exemple, que le choix ne saurait être le même pour tous. L’espèce, qui a probablement de ses destinées une conscience infinie qu’aucun individu ne peut saisir, aurait très sagement réparti entre les hommes les rôles qui leur conviennent dans le haut drame de son évolution. Pour des motifs que nous ne comprenons pas toujours, il est sans doute nécessaire qu’elle progresse lentement ; c’est pourquoi l’énorme masse de son corps l’attache au passé et au présent, et de très loyales intelligences peuvent se trouver dans cette masse, comme il est possible à de très médiocres de s’en évader. Qu’il y ait satisfaction ou mécontentement désintéressé du côté de l’ombre ou de la lumière, peu im-