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Page:Maurice Maeterlinck - L'intelligence des fleurs, 1922.djvu/295

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L’IMMORTALITÉ

IV

Ainsi, notre désir d’immortalité se détruit en se formulant, attendu que c’est sur une des parties accessoires et des plus fugaces de notre vie totale, que nous fondons tout l’intérêt de notre survie. Il nous semble que si notre existence ne se continue pas avec la plupart des misères, des petitesses et des défauts qui la caractérisent, rien ne la distinguera de celle des autres êtres ; qu’elle deviendra une goutte d’ignorance dans l’océan de l’inconnu, et que dès lors, tout ce qui s’en suivra ne nous regarde plus.

Quelle immortalité peut-on promettre aux hommes qui presque nécessairement la conçoivent ainsi ? Qu’y faire ? nous dit un instinct puéril mais profond. Toute immortalité qui ne traîne pas à travers l’éternité, comme le boulet du forçat que nous fûmes,