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L’IMMORTALITÉ

hasarder ce néologisme ? La mémoire abolie, retrouvera-t-il en lui quelques traces de l’homme antérieur ? Une force nouvelle, l’intelligence, s’éveillant et déployant soudain une activité inouïe, quel rapport cette intelligence gardera-t-elle avec le germe inerte et sombre d’où elle s’est élevée ? À quels angles de son passé se raccrochera-t-il pour se continuer ? Et cependant, ne subsistera-t-il pas en lui quelque sentiment ou quelque instinct, indépendant de la mémoire, de l’intelligence et de je ne sais quelles autres facultés, qui lui fera reconnaître que c’est bien en lui que vient d’éclater le miracle libérateur, que c’est bien sa vie et non celle de son voisin, transformée, méconnaissable, mais substantiellement identique, qui sortie des ténèbres et du silence, se prolonge dans la lumière et l’harmonie ? Pouvons-nous imaginer le désarroi, les flux et reflux de cette conscience affolée ? Savons-nous de quelle façon le moi d’hier s’unira au moi d’aujourd’hui, et comment le point « égotique »,