Aller au contenu

Page:Maurice Maeterlinck - L'intelligence des fleurs, 1922.djvu/60

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
48
L’INTELLIGENCE DES FLEURS

foin ? N’y a-t-on pas encore unanimement reconnu l’excellence de la bascule automatique ? Tout ne serait donc pas immuable et préétabli, on discuterait, on expérimenterait donc dans ce monde que nous croyons fatalement, organiquement routinier[1] ?

  1. Je poursuis depuis quelques années une série d’expériences sur l’hybridation des Sauges, fécondant artificiellement, après les précautions d’usage pour écarter toute intervention du vent et des insectes, une variété dont le mécanisme floral est très perfectionné, avec le pollen d’une variété très arriérée et inversement. Mes observations ne sont pas encore suffisamment nombreuses pour que j’en puisse donner ici le détail. Néanmoins il semble qu’une loi générale commence déjà de s’en dégager, à savoir que la Sauge arriérée adopte volontiers les perfectionnements de la Sauge avancée, au lieu que celle-ci prend rarement les défauts de la première. Il y aurait là une assez curieuse échappée sur les procédés, les habitudes, les préférences, le goût du mieux de la Nature. Mais ce sont des expériences qui sont forcément lentes et longues, à cause du temps perdu à réunir les variétés diverses, des épreuves et contre-épreuves nécessaires, etc. Il serait donc prématuré d’en tirer la moindre conclusion.