Aller au contenu

Page:Maurice Maeterlinck - L'intelligence des fleurs, 1922.djvu/65

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
53
L’INTELLIGENCE DES FLEURS

imiter ; il a fallu qu’elle tirât tout de son propre fond. À l’époque où nous en étions encore à la massue, à l’arc, au fléau d’armes, aux jours relativement récents où nous imaginâmes le rouet, la poulie, le palan, le bélier, au temps, — c’était pour ainsi dire l’année dernière, — où nos chefs-d’œuvre étaient la catapulte, l’horloge et le métier à tisser, la Sauge avait façonné les arbres pivotants et les contrepoids de sa bascule de précision, et la Pédiculaire ses ampoules obturées comme pour une expérience scientifique, les déclenchements successifs de ses ressorts et la combinaison de ses plans inclinés. Qui donc, il y a moins de cent ans, se doutait des propriétés de l’hélice que l’Érable et le Tilleul utilisent depuis la naissance des arbres. Quand parviendrons-nous à construire un parachute ou un aviateur aussi rigide, aussi léger, aussi subtil et aussi sûr que celui du Pissenlit ? Quand trouverons-nous le secret de tailler dans un tissu aussi fragile que la soie des pétales, un res-