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Page:Maurice Pescatore - Chasses et voyages au Congo, 1932.djvu/105

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chasses et voyages au congo

core core nous indiquent que la bête a passé par ici il y a peu de temps et qu’elle n’est pas loin de nous. Deux heures durant nous l’avons ainsi poursuivie dans les fourrés où son passage formait sentier. Tout à coup, arrivés dans une petite clairière nous entendons l’éléphant mâcher des herbes derrière un rideau de hauts buissons impénétrables à la vue ; à coups de pied nous obligeons l’un des noirs à jeter un coup d’œil sous les branches. Cri d’alarme du monstre ; un peu comme celui d’une biche qui « schmäeht » mais en beaucoup plus fort. Malheureusement le noir, en bondissant en arrière, a averti l’éléphant de notre présence. Il n’y a plus à hésiter et nous nous engageons à quatre pattes sous les branches, Bird toujours armé de son appareil et tenant de l’autre main sa carabine, moi ma 416 prêt à tirer ; l’éléphant est à dix mètres à peine visible, et rampant à genoux, nous n’avions pas écarté les premières branches, que sans autre avertissement, l’animal nous a chargés : devant nous à trois ou quatre mètres au plus, sa tête a surgi à travers le buisson comme un diable à ressort sortant d’une boîte : nos deux coups de carabine sont partis ensemble ; je me appelle n’avoir vu qu’une tête noire, un œil, un gros morceau de défense, et la naissance de la trompe sous le front. C’est là que doit être ma balle, car l’endroit n’était pas à deux mètres du bout de mon fusil. Heureusement cette démonstration lui a fait faire demi-tour et il est parti en priant comme un cochon qu’on égorge. Nous nous précipitons derrière lui ; vis-à-vis de l’Anglais je me garderais bien d’avoir l’air de reculer, mais au bout de cinquante mètres je culbute dans les lianes qui m’agrippent comme des pieuvres ; elles sont remplies de sang d’éléphant et cela me donne du courage pour me relever et continuer ma poursuite ; mais après avoir enjambé l’appareil de cinéma de mon Anglais, puis son casque, je le’retrouve lui-même empêtré dans les lianes, tandis que l’éléphant continue à marcher devant nous dans la boue. Nos noirs ont naturellement disparu à la première alerte, emportant mon second