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Page:Maurice Pescatore - Chasses et voyages au Congo, 1932.djvu/118

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chasses et voyages au congo

nous errons de droite et de gauche dans les herbes marécageuses qui bordent la rivière, essayant un sentier, puis un autre, revenant dix fois sur nos pas pour nous retrouver toujours à notre point de départ, car chaque chemin que nous essayons, assez large au début, va en se rétrécissant peu à peu jusqu’au moment où il se perd tout à fait ; à la fin nous aboutissons à une sorte de canal que bon gré, mal gré, nous nous décidons à traverser ; un noir nous précède pour en essayer la profondeur, puis Bird et moi y entrons malgré l’eau qui nous monte jusqu’à la taille, tandis, que ma femme, grimpée sur les épaules d’un indigène arrive derrière nous sur cette monture improvisée.

Il fait noir comme dans un four, et malgré la lumière falote des lanternes que nous avons fait allumer et qui ne servent qu’à nous éblouir, nous ne voyons pas à deux, mètres devant nous. Nous avons recommencé à marcher dans la direction que nous pensons être la baume pour nous mener à Bullu, mais la route nous parait interminable ; de temps en temps les indigènes poussent des cris stridents, vains appels qui se perdent dans la nuit, et nous continuons à avancer de plus en plus péniblement, trébuchant presque à chaque pas dans ce qui nous paraît être un ruisseau, mais qui n’est autre que le chemin que l’orage a momentanément transformé en un lit de rivière. Nous commençons à nous désespérer et à penser qu’il nous faudra passer la nuit entière à marcher ainsi dans la fange, quand tout à coup il nous semble qu’à notre dernier « hou-houp » un bruit lointain ait répondu ; oui, Dieu soit loué, nous ne nous sommes pas trompés, peu à peu le son de la voix qui nous répond se fait plus, distinct, et sortant bientôt de l’ombre nous voyons briller un point lumineux qui vient vers nous : nous sommes sauvés ! « C’est le Capita de Bullu qui nous a entendus, et s’est amené pour nous guider à travers le marais à trouver l’entrée de son village, qui bien dissimulé derrière un mur de bananiers, se cachait entièrement à nos yeux. Nous n’en sommes pas très loin et le