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Page:Maurice Pescatore - Chasses et voyages au Congo, 1932.djvu/120

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chasses et voyages au congo

jour l’aspect en est beaucoup moins effrayant, et bien que de temps en temps j’y enfonce assez profondément, j’arrive pourtant à m’approcher assez facilement des antilopes qui sont des « Gwala », et ressemblent en plus roux et en plus grands aux médafiels d’Abyssinie. J’en tire trois dont deux tombent touchés à la tête, et ce sport me semble si facile, que je retourne au village chercher ma femme qui à son tour avec sa Mannlicher 6/7 en tue deux, dont un beau mâle.

Le soir nous attendons les hommes qu’on a envoyés chercher de l’autre clé de la Luama les dents et la viande de l’éléphant tué la veille, et lorsqu’ils sont arrivés, nous décidons de ne pas prolonger notre séjour à Bullu, car nous y avons trouvé la même misère qu’aux endroits précédents : pas de « pocho » ! Nous commençons à croire à la mauvaise volonté des chefs, et j’écris une nouvelle lettre à l’administrateur à Niembo.


18 décembre.

Peu après la sortie de Bullu nous traversons une merveilleuse forêt de palmiers, on dirait des chamérops aux fûts élancés, dont le tronc lisse comme celui d’un hêtre, secrète une matière blanchâtre qui lui a fait donner le nom « d’arbre à lait » et le soleil qui se joue à travers le feuillage, produit des effets d’ombre et de lumière qui raviraient un peintre.

Nous passons sous ce dôme de verdure dont l’éclat se trouve encore rehaussé par des grappes aux boules d’or, qui pendent de chaque côté du ruisseau lequel en serpentant nous sert de chemin ; de temps en temps un tronc d’arbre tombé en travers du ruisseau forme comme un pont branlant sur lequel mes hommes de tippoye me portent avec dextérité ; ils sont extraordinaires d’agilité, et jonglent avec leur charge comme si de rien n’était ; à chaque instant le tippoye oscille et penche de façon inquiétante à droite, à gauche, en avant ou en arrière ; déjà l’on croit choir, et l’on