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Page:Maurice Pescatore - Chasses et voyages au Congo, 1932.djvu/224

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chasses et voyages au congo

la spéculation n’est pas restée étrangère à ce mouvement, et déjà on signale plus d’un krach parmi les nouveaux acquéreurs. Car il y a, et il y aura toujours, deux types de planteurs bien distincts : ceux qui comme le Prince de Ligne ont comme idéal de créer une œuvre de longue durée, et ne craignant pas d’y engager pour réussir même une partie de leur fortune ; et les aventuriers, dont le type devient malheureusement chaque jour plus fréquent, qui plantent dans le seul but de jeter de la poudre aux yeux, et n’ont qu’un objectif, revendre au plus vite avec bénéfice, les terrains défrichés pour aller tenter leur chance ailleurs et s’enrichir au plus vite par des spéculations heureuses. C’est tout un monde qui s’agite ici et il est difficile de prévoir ce qu’il en sortira. Et involontairement je pense à un livre que j’ai étudié dans le temps où je m’occupais à la Chambre de questions sociales, et qui s’intitulait Belgique, terre d’expérience, et je suis tenté à mon tour de dire : « Kiwu, terre d’expérience », en présence de tout le mystère que recèle cette province du Congo, la plus belle et la plus fertile de l’immense Empire, et dont l’avenir seulement nous dévoilera ce qui s’y cache.

Nous avons organisé un déjeuner sous la tente, auquel nous avions convié nos voisins les Polonais dont j’ai déjà parlé : le Prince et la Princesse Léon Sapieha, qui ont leur propriété à Krasiczyu près de Premyshl en Galicie, connaissances utiles et agréables à connaître et à cultiver, et qui nous ont renseigné de bons cerfs à tuer au brâmage pour le jour où, trop vieux pour l’Afrique, nous nous rabattrons sur les chasses d’Europe. Après un repas pris fraternellement avec nous, ils viennent de repartir pour le Sud, emmenant nos porteurs avec eux, pendant que nous attendons le retour de l’auto, qui arrivée hier à point nommé pour nous emmener vers le Nord, est repartie ce matin avec la moitié de nos charges, et doit revenir nous prendre nous-mêmes pour nous mener à Lubero. Et pendant que je me livre aux réflexions que j’ai développées plus