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Page:Maurice Pescatore - Chasses et voyages au Congo, 1932.djvu/231

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chasses et voyages au congo

ceinture, et de quelque côté que l’on regarde, ce ne sont que fleurs, fleurs, fleurs, partout, qui vous saluent et embaument l’air de leurs effluves odorants : je me souviendrai longtemps de cette matinée de printemps à Lubero, où les premiers rayons du soleil se posant tel un baiser sur toutes ces corolles humides de la rosée de la nuit, semblaient boire à leurs lèvres les gouttes d’argent qui s’en échappaient…

Moins poétique, mais rentrant dans le domaine des choses pratiques, est l’immense champ de fraisiers qui se trouve non loin de là, et nous convie à une cueillette dont les fruits succulents pourraient avec avantage concourir avec les meilleurs de chez nous : ce champ est du domaine public et tous les blancs du poste s’en régalent à qui mieux mieux. C’est la spécialité de l’endroit et ils en sont très fiers.

Une allée de pruniers du Japon allant au dispensaire nous mène de notre habitation au centre du poste. Celui-ci date de 1923 où il fut d’abord occupé militairement, l’occupation civile n’ayant suivi qu’en 1925. Il se compose d’abord d’une grande place large de 350 mètres et longue de 150 mètres environ, qui s’avance en forme d’éperon au-dessus de la vallée, et à laquelle mène une allée d’eucalyptus longue de 14 mètres ; la place elle-même est bordée d’eucalyptus et d’une douzaine de cases blanchies à la chaux et couvertes d’ajoncs, c’est le quartier militaire. Ensuite viennent les bâtiments de l’administration tous également blanchis à la chaux et dont les toits qui de loin paraissent être de chaume ressemblent à ceux des petites fermes silésiennes. Plus loin quelques factories complètent l’ensemble des habitations réservées au service des Européens, et où ne résident que les indigènes employés par eux. La vraie population noire habite dans la montagne et en quittant la place, nous voyons, dominant le ravin, tous les petits villages, à l’aspect pittoresque que je compare à ceux du Japon, sans le connaître ; peut-être mon impression est-elle