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Page:Maurice Pescatore - Chasses et voyages au Congo, 1932.djvu/237

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chasses et voyages au congo

du sol et de ce trou déboisé on voit surgir des bananiers qui entourent quelque hutte ronde à toit pointu. Ici habite, la population autochtone et la forêt, loin d’être déserte comme son nom de forêt vierge semblerait l’indiquer, est très peuplée au contraire ; des milliers de bananeraies, semblables à celles que nous croisons sur la route, se cachent ainsi dans le sous-bois de la forêt et’donnent asile à de nombreuses familles indigènes.

Les femmes qui ne quittent guère leur retraite sylvestre circulent presque entièrement nues, alors que les hommes, surtout quand ils se rendent à un centre de civilisation, se revêtent de défroques venues d’Europe, et dont souvent ils se couvrent par ordre. Est-ce un bien ou un mal, ces besoins que le blanc crée partout où il passe, et l’éternelle question de l’utilité de la colonisation se pose, quand au cœur de l’Afrique et tout près de la nature, on touche du doigt le problème : ne ferait-on pas mieux de laisser ces populations continuer à mener la vie végétative et animale qui fut la leur depuis l’aube des âges, plutôt que de vouloir changer leur mentalité en leur enseignant une manière de vivre, et une morale pour laquelle ils ne sont point nés ?

Ce matin, en passant, nous avons rencontré une troupe de sauvages, dont les visages étaient peints eh rouge, qui, hurlant et dansant au son des flûtes qu’ils se font en creusant des tiges de bambous, célèbrent ainsi jour et nuit la période du clair de lune, et si le bruit était assez pareil à celui de nos dancings, il y a pourtant un monde qui nous separe, d’avec ces farouches adorateurs de l’antique Astarté.

Un pneu crevé nous arrête juste en face d’une hutte de forme arrondie, et pendant que le chauffeur répare la pièce endommagée, je puis continuer à loisir mes études, ethnographiques, car bientôt comme chez nous, nous sommes entourés de curieux rassemblés pour contempler travail sans y aider. Une vieille dame fumant une longue pipe, est assise sur le bord du chemin et nous présente ses fesses pleines de rides comme celles de l’éléphant ; la popu-