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Page:Maurice Pescatore - Chasses et voyages au Congo, 1932.djvu/320

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chasses et voyages au congo

de maisons proprettes en brique avec toits en tôle ondulée, composée chacune de deux pièces et prévue pour abriter une famille indigène ; dans chaque habitation, un lit, une table, des chaises meublent cet intérieur à l’Européenne et j’ai même vu une femme indigène qui cousait à la machine à coudre, et dans une autre habitation une moustiquaire qui entourait un lit et qui avait probablement été achetée d’occasion à un blanc de passage. Aux fenêtres, au lieu de vitres, il y a des grillages, mais ici reparaît la coutume, car on a soigneusement bouché toutes les ouvertures avec des sacs pour empêcher l’air de pénétrer : sans doute c’est l’habitude de s’enfumer dans la hutte qui pousse l’indigène à craindre l’air de cette façon ! L’Unatra a dépensé 5.000.000 pour ses maisons ouvrières mais l’avenir seul prouvera si l’essai qu’a tenté la Société, la payera de ses peines ; sur le chantier elle occupe 2.500 indigènes et avec le personnel noir employé sur les bateaux, on peut évaluer à 6.000 le nombre d’hommes qu’elle emploie, les ouvriers à la scierie travaillent tous à la tâche car le travail à la pièce ne les intéresse pas, et quand la tâche imposée est terminée, ils ne cherchent nullement à augmenter leur salaire en travaillant un peu davantage. Ils doivent par mois couper 20 stères de bois ce qui représente à peu près un travail de 6 heures par jour et ces 20 stères obligatoires peuvent être coupés comme bon leur semble ; il y a une prime pour tout travail qu’ils feraient en plus, mais jamais il ne s’est trouvé un indigène venant réclamer une prime de ce genre, car il n’a aucun plaisir à travailler ni même à gagner davantage, et quand la corvée à laquelle il est tenu est finie, il n’a qu’une idée, celle d’aller se reposer ; et dans tout le Congo c’est pareil et cette mentalité d’enfants paresseux qui guettent la fin de la classe pour pouvoir s’évader de l’école, est la même d’un bout à l’autre de la Colonie. Le nègre reconnaît d’ailleurs volontiers la supériorité du blanc sur lui, et notamment en ce que comme chef, il connaît son métier, et a le droit de lui en remontrer, mais gare