Aller au contenu

Page:Maurice Pescatore - Chasses et voyages au Congo, 1932.djvu/90

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
78
chasses et voyages au congo

mission anglaise qui domine le village et se voit de tous côtés : elle est dirigée par deux vieilles filles, l’une Suisse Allemande et l’autre Anglaise et ne semble pas jouir de la sympathie de notre compagnon d’Outre-Manche ? Elle met une tache de couleur gaie, toute blanche et entourée de cannas sauvages rouges et jaunes dans le cadre vert des collines environnantes, et ces teintes d’émeraude étonnent en Afrique sous les tropiques où l’on est accoutumé de voir le sol grillé par le soleil, mais n’oublions pas que nous sommes ici en saison de pluie.

Nous commençons à gravir la montagne et à mesure que nous montons, nous voyons se dérouler derrière nous tout le panorama des lieux que nous venons de quitter : au loin à l’est la chaîne de montagnes qui domine le Tanganyka dont deux jours de marche nous séparent déjà, dans le fond l’immense plaine d’herbages avec le marais et les ruisseaux où hier j’ai été me promener à la recherche des buffles, et devant nous, la muraille des collines que l’une après l’autre nous allons devoir escalader.

Le temps est couvert, de minces et longs nuages blancs accrochés au flanc des montagnes nous annoncent la pluie que nous allons trouver là-haut, le tonnerre gronde au loin et nous nous demandons si l’orage qui nous guette, va entraver notre ascension. Bientôt paraît un nouveau village composé de cases régulières qui bordent des deux côtés une avenue rectangulaire formant une manière de place ou de square : c’est l’ancien Sultanat de Kalembe-Lembe et la politesse et l’usage exigent que nous y fassions un temps d’arrêt. D’ailleurs nos hommes sont habitués à ce qu’on leur donne ici à boire et à manger et tandis que les femmes du village leur apportent de quoi se désaltérer, ils grignotent les carottes de manioc qu’on leur a distribuées. Nous avons beaucoup de peine à les arracher à ces délices, mais la pluie ayant cessé et le soleil ayant reparu, aucun prétexte ne subsiste pour nous empêcher de continuer notre route, et bientôt le long des côtes