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Page:Melvil - À Calderon, 1881.djvu/7

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D’autres chantent l’ivresse ardente des armées,
Les héros expirant dans leur cuirasse d’or,
À l’horizon sanglant les villes enflammées,
Et la beauté d’Hélène, et les adieux d’Hector ;

Tournés vers les pays où le soleil se lève,
Ils franchissent sans peur les bornes du réel,
Et s’en vont, éblouis, relever dans un rêve
Près du tombeau du Christ le trône d’Israël ;

Sans s’étonner des coups qui menacent leurs têtes,
Ils iront découvrir des mondes inconnus,
Et verront sans effroi le géant des tempêtes
Se dresser sur les flots qui baignent ses pieds nus.

D’autres, assis aux bords des murmurants rivages,
Célèbrent en leurs vers qu’écoute Amaryllis,
Les monts, et les forêts, et les grottes sauvages,
Et les vallons discrets tout parfumés de lys ;
 
Les troupeaux regagnant les huttes embaumées,
Les chastes visions debout sur les hauteurs,
Les agrestes hameaux d’où montent des fumées,
Et les chants alternés des antiques pasteurs ;

La nymphe sur le lac dénouant sa ceinture,
Les Dieux qui ne sont plus et qu’on pleure toujours,
Ton charme et tes splendeurs, ô féconde Nature,
Ton poëme immortel et tes jeunes amours.