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Page:Memoires de Mademoiselle de Bonneval.djvu/147

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tion pour moi. Je la remerciai froidement, & je lui demandai sans affectation des nouvelles de son aimable niéce : mon cœur palpitoit en prononçant son nom, il prévoyoit sans doute le nouveau coup qu’on alloit lui porter. Elle me répondit avec un air de surprise qui ne me parut que trop sincère. Eh quoi ! vous ignorez donc son départ pour la Bretagne. Cette nouvelle me rendit immobile, Madame de Valpré gardoit, comme moi, un profond silence ; je laissai échaper un soupir en la regardant, nos yeux se rencontrèrent. Vous me faites pitié, dit-elle, avec un dépit qu’elle ne put dissimuler : je vous plains, Barneuil ; un amour comme le vôtre ne méritoit pas d’être payé d’ingratitude. Ces paroles me tirèrent de mon accablement : Vous sçavez donc que je l’aimois, lui dis-je tristement.