Aller au contenu

Page:Memoires de Mademoiselle de Bonneval.djvu/157

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tre ma propre foiblesse, mon cœur s’armoit contre mon cœur, je rassemblois tous les sujets que je croyois avoir de la haïr, & bien-tôt les caresses de Madame de Valpré éloignoient ces tristes pensées.

J’étois un jour à ses genoux, je la conjurois avec les instances les plus vives de hâter mon bonheur : elle me regarda tendrement, & me dit, j’y consens, Barneuil ; que dis-je ! mes vœux n’ont pas attendu les vôtres… & elle se tut. Qui peut donc, lui dis-je précipitamment, retarder notre commune félicité ? Ah ! me répondit-elle, dispensez moi de cet aveu ; si mon amour vous suffit, vous sçavez combien je vous aime. Eh, Madame, lui répliquai-je, que vous êtes cruelle ! Au moment que vous comblez mon cœur de joye, votre cruel silence le remplit d’amertume.