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Page:Memoires de Mademoiselle de Bonneval.djvu/24

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lontiers à la curiosité badaude, le plaisir de se faire étouffer, & je tâchois en cottoyant le petit bras d’eau qui sépare l’Isle, de gagner le pont où m’attendoit un carosse, dans lequel j’étois venu. Je marchois à pas lents, il commençoit à faire nuit, mais l’obscurité n’étoit pas assez grande, pour me dérober la vûë d’un spectacle que la générosité ne me permit pas de voir d’un œil indifférent. C’étoit une jeune personne qu’une foiblesse venoit de faire tomber évanouie dans un endroit où, vraisemblablement, elle auroit rendu les derniers soupirs, si mon bonheur ne m’avoit conduit de ce côté-là, qui étoit désert, assez à propos pour la secourir. Je m’approchai d’elle précipitamment ; mes yeux éclairez par l’amour, ne purent la méconnaître. Juste Ciel ! m’écriai-je, c’est elle-mê-