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Page:Memoires de Mademoiselle de Bonneval.djvu/53

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juge par moi-même, cette malheureuse lettre que l’on vient de me forcer d’écrire, va le jetter dans le désespoir ! effrayé de mes menaces, rebuté par mes mépris, il détestera son amour, il y renoncera. Réfléxions cruelles ! Quel avenir funeste me faites-vous envisager ? Ah ! détournons, s’il est possible, ce coup inévitable ; mais lui confesserai-je ma foiblesse ? Lui marquerai-je la surprise que l’on a faite à mon cœur ? Mille obstacles se présentoient à l’exécution de ce dessein ; la difficulté de faire tenir une lettre, & celle de l’écrire ; tout cela m’effrayoit, & me fit renoncer à mon projet. Non, reprenois-je, il vaut mieux l’attendre : viens Barneuil, viens me jurer que tu m’adores, & tu verras mes yeux d’accord avec les tiens, t’assûrer que nous brûlons tous deux des mêmes feux.