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Page:Memoires de Mademoiselle de Bonneval.djvu/55

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Abandonnée dans une chambre que je regardai comme une prison affreuse, je me livrai à toute ma douleur ; je versai un torrent de larmes ; c’est donc pour toûjours, m’écriai-je, que je vais demeurer ici, puisque l’on ne donne d’autre terme à mon exil que la fin de mon amour ! sois-y sensible, cher Barneuil. Je ferai top heureuse ; ma chère Maîtresse, me dit ma femme de chambre en arrosant ma main de ses larmes ; je ne vous quitterai pas ; je vous consolerai : le Ciel l’a sans doute voulu, pour rendre inutiles les mauvais desseins de Madame votre Tante. Je pressai cette fille de me dire ce qu’elle en sçavoit. Eh bien, reprit-elle, apprenez que je ne suis ici que pour épier vos actions & vos paroles : j’en dois rendre un compte exact à Madame de Valpré ; mais je suis heureuse