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Page:Memoires de Mademoiselle de Bonneval.djvu/73

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le vôtre. Je me reproche tous les momens qu’il passe dans la peine, & comment lui faire sçavoir que mon cœur n’est pas complice du honteux artifice dont il est la victime ? Cette réfléxion fit couler ses pleurs ; ils me pénétrèrent. Séchez, lui dis-je, ces larmes, elles sont trop précieuses pour les verser sans sujet ? En avez-vous besoin pour attendrir mon cœur ? Ignorez-vous le pouvoir que vous avez sur lui ? Parlez. Faut-il aller arracher Barneuil de sa solitude ? Faut-il l’amener à vos pieds ? Vous l’y verrez bientôt.

Je voulais mettre mon cœur au point de ne pouvoir s’en dédire ; l’y voilà. Je me charge d’une lettre pour Barneuil : je vôle à son Couvent ; je le demande, il paroît ; sa pâleur & son abattement montroient la situation de son âme. Mon cœur