Page:Mendès - La Légende du Parnasse contemporain, 1884.djvu/116

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logions fort simplement dans trois petites chambres au quatrième étage de l’hôtel du Lac, et que nous portions des habits d’une somptuosité modérée. Et dans la ville aussi il y avait sur notre passage des saluts, des chuchotements, des groupements de têtes découvertes. Mieux encore, quand nous allions à Tribchen, en barque, par le lac, d’autres barques pleines d’Anglais nous suivaient jusqu’au promontoire où s’élevait la maison de Wagner, et là les Anglais attendaient jusqu’au soir, sur l’eau, avec une patience entêtée ! Tant d’empressements et d’obséquiosités finirent par nous agacer un peu, et, une fois, nous dîmes tout net au patron de l’hôtel que nous voulions être traités comme de pauvres diables de voyageurs que nous étions. Mais alors cet homme sagace prit un air très entendu et se tournant vers moi : « Sire, dit-il, il sera fait selon les désirs de Votre Majesté, et, puisqu’elle l’exige nous respecterons son incognito. » Ma Majesté ! vous pensez si nous pouffâmes de rire. La vérité, c’était que notre voyage à Lucerne avait coïncidé avec l’annonce dans les journaux de l’arrivée prochaine du roi de Bavière et que l’on me prenait pour le roi