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Page:Mendès - La Légende du Parnasse contemporain, 1884.djvu/118

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et les soies abondaient dans son salon, dans sa chambre de travail, par tas qui bouffent ou par traînes torrentielles, n’importe où, sans prétexte de meubles, sans autre raison que leur beauté, pour donner au poète l’enchantement de leur lumineux incendie.

En attendant le dîner toujours servi à deux heures précises, la causerie cpmmençait dans le salon vaste et clair où tout l’air des montagnes et des lointains mouillés entrait par quatre fenêtres ouvertes. Quelquefois, nous étions assis, nous, mais lui, jamais ! Non, il ne me souvient pas de l’avoir vu assis une seule fois, si ce n’est au piano ou à table. Allant, venant par la grande pièce, remuant les chaises, changeant les fauteuils de place, cherchant dans toutes ses poches sa tabatière toujours perdue, ou ses lunettes qui étaient quelquefois accrochées aux pendeloques des candélabres, mais qui n’étaient jamais sur son nez, empoignant le béret de velours qui lui pendait sur l’œil gauche avec l’air d’une crête noire, le triturant entre ses poings crispés, le fourrant dans son gilet, le retirant, le replaçant sur ses cheveux, il parlait, il parlait ! Il parlait de Paris souvent.