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Page:Mendès - La Légende du Parnasse contemporain, 1884.djvu/143

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pour celle des malfaiteurs célèbres ? — Le coupable, désormais facile à suivre, comme dit la chanson, ne pourrait mettre le nez à la fenêtre de son wagon sans apercevoir dans les nues sa figure dénonciatrice.

Et en politique ! en matière d’élections, par exemple ! Quelle prépondérance ! Quelle suprématie ! Quelle simplification incroyable dans les moyens de propagande, toujours si onéreux ! — Plus de ces petits papiers bleus, jaunes, tricolores, qui abîment les murs et nous redisent sans cesse le même nom, avec l’obsession d’un tintouin ! Plus de ces photographies si dispendieuses (le plus souvent imparfaites) et qui manquent leur but, c’est-à-dire qui n’excitent point la sympathie des électeurs, soit par l’agrément des traits du visage des candidats, soit par l’air de majesté de l’ensemble ! Car, enfin, la valeur d’un homme est dangereuse, nuisible et plus que secondaire, en politique ; l’essentiel est qu’il ait l’air « digne » aux yeux de ses mandants.

Supposons qu’aux dernières élections par exemple, les médaillons de MM. B… et A…[1] fussent apparus tous les soirs, en grandeur naturelle, juste sous l’étoile β de la Lyre ? — C’était là leur place, on en conviendra ! puisque ces hommes d’État enfourchèrent jadis Pégase, si l’on doit en croire la Renommée. Tous les deux eussent été exposés là, pendant la soirée qui eut précédé le scrutin ; tous deux légèrement souriants, le front voilé d’une convenable inquiétude, et, néanmoins, la mine assurée. Le

  1. N. B. — Les messieurs dont l’Auteur semble parler sont morts pendant que nous mettions sa nouvelle sous presse. Note de l’Éditeur.