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Page:Mendès - La Légende du Parnasse contemporain, 1884.djvu/225

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précieux, qui avait fort bon air, les mardis soirs, en annonçant nos amis, et de qui j’aurais gardé le meilleur souvenir s’il n’avait jugé à propos de me quitter un beau matin, à l’improviste, en emportant, outre quelque monnaie, trois ou quatre de mes chaises. Il était écrit que de longtemps mon mobilier ne serait pas complet.

Dans notre petit salon joyeux de la rue de Douai, — car nous avions repassé l’eau, en voiture ! — il y eut un jour un événement.

J’avais reçu, dans la matinée, sous enveloppe, un poème, écrit d’une magnifique écriture et non signé. Les vers m’en avaient paru remarquables, et, le soir, lorsque nos amis les lurent à leur tour, ce furent des exclamations de plaisir et d’enthousiasme. « Oui certainement, il n’y avait pas à en douter, celui qui avait écrit ces strophes était un poète, inexpérimenté encore, mais un véritable poète. » Qui pouvait être l’auteur de cette pièce intitulée, je m’en souviens, les Fleurs mortelles ? On cherchait, on voulait deviner, on se perdait en conjectures.

Francis Coppée, qui était resté dans un coin, silencieux selon son habitude, me fit signe de le suivre dans la chambre voisine, et là, à voix basse :