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Page:Mendès - La Légende du Parnasse contemporain, 1884.djvu/311

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N’est-il pas vrai que la non satisfaction des joies que donne la seule matière, que le désir déchirant d’un au-delà, quel qu’il soit, est visible dans ces magnifiques vers ?

Et si la beauté de la femme ne parvient pas à étancher la soif d’idéal qui dévore Armand Silvestre, la nature extérieurement considérée ne l’apaise pas davantage. C’est en vain qu’il s’extasiera devant les nuits, devant les aurores,en vain qu’il voudra se contenter du Beau inanimé ; malgré lui-même, ce qu’il cherchera dans la création ce sera la vie spirituelle d’un être ou des êtres. Il la poursuivra partout. S’il chante les grands chênes,

C’est qu’ils portent en eux, les arbres fraternels,
Tous les débris épars de l’humanité morte.


Dans les broussailles, il croit sentir revivre


Un peu de ce qui fut autrefois notre cœur.


Il dit en parlant des sources :


Parfois, au sortir des feuillées,
L’œil clair des sources m’a troublé.