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Page:Mendès - Le Roi Vierge - 1881 (leroiviergeroma00mendgoog).djvu/10

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LE ROI VIERGE

cohue royale avait promené dans les clartés chaudes ses uniformes qu’allumait l’orfévrerie des plaques et des croix, ses chevelures de femmes, embrasées de pierreries et d’où les fleurs ruisselaient en guirlandes jusque dans le creux blanc des dos, ses traînes au lent glissement, derrière lesquelles s’inclinaient en reculant un peu les habits noirs des attachés d’ambassade, le gardénia à la boutonnière. Tout un soir, du haut des socles, les yeux blancs des douze Césars de marbre avaient considéré la fête, avec un air de songer, semblait-il, à d’antiques orgies ; on eût dit voir sourire, quand le frôlait un bras nu et charnu, le groin énorme de Vitellius.

Il y eut un brouhaha de paroles à voix basse, un tassement de foule vers les murs de la salle ; une femme s’avançait entre une double haie de saluts courtisans, le bout d’un gant pâle posé sur la manche passementée d’or du Grand-Écuyer.

Blonde, de ce blond un peu roux des feuilles de maïs brûlées par le soleil, blanche de la blancheur opaque des cires ; front petit sous un diadème, vagues yeux bleus, larges, saillants comme ceux des Junons au regard de génisse ; le nez courbe, aux ailes lourdes, des impérieuses archi-