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Page:Mendès - Le Roi Vierge - 1881 (leroiviergeroma00mendgoog).djvu/13

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GLORIANE

une certaine élégance fière aristocratisait ce débraillement, et les mains longues étaient parfaites. Moitié bobèche, moitié grand seigneur. Un homme singulier.

— Le prince Flédro-Schèmyl ? dit la reine.

Il s’agenouilla presque, extasié d’être reconnu. Alors s’acheva le sourire commencé qu’elle avait aux lèvres ; ce fut comme une fleur qui éclot tout à fait ; elle eut aussi dans les yeux une petite lueur gaie. La fierté de son royal visage s’atténuait dans une expression de douceur rieuse, un peu moqueuse même, tendre cependant : la moue d’une jeune mère qui gronde un enfant aimé, en le menaçant du doigt. Ce ne devait pas être le prince Flédro-Schèmyl qui lui donnait ce joli air de contentement ; elle s’amusait d’un espoir peut-être, ou d’un souvenir.

— Comment se porte mon cousin le roi de Thuringe ? dit-elle.

Il prit une mine piteuse et répondit dans un grand soupir :

— Hélas ! assez mal, madame.

— Ah ? fit-elle, en souriant toujours.

— Oui ! dit-il en soupirant encore.

— Eh bien, monsieur le chambellan, venez au