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Page:Mendès - Le Roi Vierge - 1881 (leroiviergeroma00mendgoog).djvu/150

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LE ROI VIERGE

salle, lumineuse et comme embrasée, qui, toute remuante de bras nus et d’épaules, et d’oripeaux tourbillonnants sous les lanières furieuses de l’orchestre, donne l’idée d’une immense paniérée de fleurs, aux parfums trop forts, secouée d’un vent de flamme ; dans les couloirs, où darde le grand œil rond des loges, qu’aveugle à demi, quelquefois, une taie de soie rouge ; dans les coins presque déserts, où s’assied, sur une banquette de velours aux crépines dédorées, quelque lourde drôlesse en décrochez-moi-ça. — Renaissance, qui bâille, le menton entre sa gorge flasque trop relevée par le busc du corsage, et croise avec une lenteur d’ennui les cuisses grasses de son maillot ; dans les buffets fourmillants de garçons qui se hâtent et crient, d’habits noirs qui s’attablent, un page sur les genoux, et rient d’un rire aviné parmi les rumeurs des causeries et les gros bruits de baisers ou de bouteilles débouchées, — vaste assourdissement confus où tinte par instants, le son clair d’un verre qui se brise ; dans les avant-scènes où l’on se montre, dans les baignoires où l’on se cache, partout, Brascassou et le prince Flédro-Schèmyl cherchèrent anxieusement Gloriane, le chambellan regardant