sonne. Chambellan de qui ? Chambellan de tout le monde. Il paraissait probable que, durant les rares entre-temps de ses voyages, il en exerçait l’office à Pétersbourg dans la maison de la grande-duchesse Marie, et il était certain que tous les petits souverains d’Allemagne lui en avaient conféré le titre. Dire pour quels services eût été difficile ; lui-même il avait la modestie, ou la pudeur, de l’oublier. Les principicules germains se montraient si peu avares de cette distinction qu’on a pu voir, dans le duché de Saxe-Meiningen, un honnête croque-notes porter la livrée illustre de chambellan, parce qu’il avait enseigné la flûte à la nièce du duc régnant. Pourquoi non ? Autrefois, en France, quiconque pratiquait la fonction de langoyeur de porcs était de droit conseiller du roi.
Justifiées ou non, ses charges honorifiques ne laissaient pas d’être fort avantageuses au prince Flédro-Schèmyl. Où qu’il allât, et Dieu sait qu’il allait partout ! sa chambellanie errante prenait place dans les carrosses grands-ducaux, s’asseyait aux tables princières, s’insinuait dans les loges royales. Ce parasitisme courtisan, dont il faisait montre par une cynique impertinence, ou, peut-