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Page:Mendès - Le Roi Vierge - 1881 (leroiviergeroma00mendgoog).djvu/160

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LE ROI VIERGE

— La porte de l’escalier ! reprit-il, parlant tout bas. Venez.

Le prince le suivit, le tenant par les épaules.

Ils montèrent quelques marches dans l’obscurité plus noire, craignant de voir apparaître tout à coup des gens, avec des lumières et des cris.

— Hein ? dit Brascassou.

Il avait heurté de la bottine quelque chose de rond et de mou, qui était sur l’escalier et qui ne bougeait pas. Il se baissa, promena les doigts, légèrement, sur une forme étendue en travers de l’escalier, sentit de la soie lui grincer sous les ongles.

— Le négrillon ! il sera tombé, ivre-mort.

Ils enjambèrent le petit homme. Maintenant, leurs semelles enfonçaient dans une mollesse épaisse, un tapis certainement ; Brascassou, qui avait saisi la rampe, sentait sous sa paume une résistance de velours.

Ils montaient, très lentement, ne se parlant plus, retenant leurs souffles.

Un bruit murmurant leur vint aux oreilles ; on eût dit de petits rires, qui tintaient, puis s’étouffaient, dans des baisers peut-être, comme un gazouillis d’oiselets dans la mousse d’un nid. En même temps des senteurs vagues, se renforçant