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Page:Mendès - Le Roi Vierge - 1881 (leroiviergeroma00mendgoog).djvu/192

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LE ROI VIERGE

chanté sur le bois du Calvaire, qui, les pattes accrochées à une guirlande de liserons, son petit cou tout gonflé, son petit bec grand ouvert, demandait à Parcival des nouvelles du saint Calice ; c’était un bouvreuil, les ailes étendues, qui complimentait le meurtrier du Dragon, en renflant sa gorge sanglante ; c’était une colombe divine comme celle des antiques Cythères qui, dans la courbe d’un vol blanc, roucoulait la bienvenue au jeune duc d’Athènes, tout empourpré du sang odieux des femmes.

Du haut d’un ciel clair et pur comme le cristal bleu des lacs, que traversaient çà et là des bouffées de brouillard, l’or d’un soleil de midi embrasait la clairière d’un bois. Des odeurs d’herbes surchauffées montaient du sol gazonneux, où rayonnait l’étoile des pâquerettes, où tintait la clochette des muguets, et il y avait sur la tige cassée des plantes des fuites métalliques de lézards verts, et, de fleur en fleur, des sautèlements cliquetants de sauterelles. D’étranges arbres, dont les troncs de corail, aux nœuds de pierres fines, pleurent des gommes d’or, inclinaient et relevaient, balancés d’un vent rhythmique, les vastes émeraudes de leurs feuilles, où